
MARIE
39 ans en couple, 2 enfants
Délogés 3 mois
Revenus dans leur appartement
temps d'écoute : 2'13
« Quand on se retrouve confronté à cela, on se rattache aux dates. Quand on réalise qu’il n’y a pas de date, qu’on ne peut pas maîtriser le temps, on perd pied. On nous a dit trois semaines, six semaines, puis huit semaines… On se dit « trois semaines on peut gérer » mais quand on nous annonce deux mois, là on comprend qu’on va pas gérer. On n’a pas l’impression que le fait d’avoir une maison soit si… après tout on a l’habitude de partir, de déménager. Mais le fait qu’on ait construit une vie de famille ça a rajouté un enjeu émotionnel fort.
Tant qu’on était dehors on s’est dit « Il faut tenir », il fallait maintenir le cap et gérer tout de front. Et en réalité je crois qu’on aurait pas dû car ça a effacé le fait que ça nous touchait au plus profond de nous et qu’on arrivait pas à trouver des solutions pour gérer ça. Pendant toute cette période je n’ai jamais trouvé de solution pour m’apaiser, je ne marchais que sur les nerfs. Son chez-soi, même si on n’est pas très casanière comme moi, c’est le moment où on lâche prise et où on peut être soi-même. Ne pas être dans sa maison, c’est ne pas pouvoir lâcher prise. C’est aussi perdre ses repères, ses habitudes, son quotidien : tout ce qui fait qu’au jour le jour la vie est plus facile. »